Photos de nuit
Cela fait un certain temps que je suis frappé par la sensibilité des capteurs numériques à l’infrarouge, et surtout la capacité à fonctionner en basse lumière sans dégrader l’image… Je n’ai pourtant pas fait ces photos avec un appareil professionnel de la dernière génération, mais un modeste Canon 40d, même pas réputé pour sa gestion du bruit ! Heureusement, en utilisant des logiciels comme Photoshop et DXO, on améliore plutôt bien les choses…
Récemment donc, j’ai eu une commande d’un client concernant des montages photo de signalisations lumineuses pour le trafic ferroviaire. Certaines photo fournies par ce client étaient de très mauvaise qualité, et j’ai décidé d’en faire d’autres moi-même.
Le meilleur endroit pour les faire m’a semblé le métro M2, car n’ayant pas de cabine de pilotage, il est possible de s’installer en avant ou en arrière de la rame, et de coller l’objectif à la vitre.
Première difficulté : les reflets, le filtre polarisant absorbe trop de lumière, j’ai trouvé la solution en me plaquant contre la vitre avec des pare-soleil souples.
Deuxième difficulté : les mouvements de la rame incompatibles avec des temps de pose longs. J’ai donc installé mon appareil sur un trépied posé sur la console, ça secoue toujours, mais moins… Au moins, les rails apparaissent à peu près nets.
Ce petit exercice a été repéré par une caméra, et m’a valu une mise en garde par une voix sortie de nulle part !
En sortant du métro, j’avais des sueurs froides, je m’attendais à me faire embarquer par une bande de gorilles de la police ferroviaire, et confisquer mon matériel. Mais rien de tout ça… Et j’ai eu l’immense plaisir de constater que mes photos allaient au delà des mes espérances en rendu de couleurs et de mouvements en basse lumière ! Voilà le résultat après un passage par DXO et Photoshop.
Mais cette expérience a une suite…
J’ai été avec mes deux filles au Luna Park. J’ai horreur de ça… ça fait du buit, c’est plein de monde, ça pue l’huile de friture, c’est plein de machines épouvantables qui te donnent la nausée.
De plus, je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais y aller avec vos enfants qui vont très vite vous traiter de dégonflé si vous ne les accompagnez pas dans la super-centrifugeuse-méga-maximum, (un bras de 50 mètres qui tourne à toute vitesse, 6 G d’accélération !) alors là, c’est pire que tout !
Rien que d’entendre les cris des passagers de ce truc, j’en ai les genoux qui tremblent… Mais j’ai passé entre les gouttes, j’ai vu le panneau «12 ans révolus», ma fille en a 11 ! Ouf, sauvé, du moins provisoirement.
Parce mes filles, elles n’ont pas peur… Je leur ai payé quelques attractions , genre méga-splash, autos tamponneuses et train fantôme, l’aînée m’a dit : «Papa, c’est génial, c’est trop horrrrriiiiible !»
Mais finalement, c’est pas si mal le Luna Park. On s’est retrouvé sous la grande tente à manger des crêpes, et on a sympathisé avec des bikers à gros bras tatoués qui s’amusaient à catapulter des opercules de canettes de bière sur les autres clients.
Evidemment, on a fait pareil… l’avantage, quand tu fais ce genre de gags, et que tu es en compagnie de bikers tatoués, personne ne va te chercher des histoires !
C’est en arrivant à la maison que j’ai eu l’idée d’aller faire des photos de nuit au Luna park : j’avais bien envie de faire des photos avec ces lumières violentes et ces machines en folie.
J’y suis donc retourné le soir avec ma fille aînée, elle était aux anges, vous pensez bien, surtout que je lui avait promis de l’accompagner dans quelques attractions pour faire des photos spectaculaires (Gloup !)
Bon, je l’ai mise en garde : «Tu sais, mon matériel photo ma coûté cher, je ne peux pas t’accompagner partout avec ça, et surtout pas dans le méga splash, avec un appareil photo non tropicalisé , et je ne parle pas des autos-tamponneuses, qui vont disloquer les lentilles de mes zooms»
J’ai donc commencé par le truc le plus calme : la grande roue. C’est complètement ringard, c’est lent, ça fait pas peur, et on a le temps de faire des photos… En plus, on est les seuls donc on ne dérange personne.
La grande roue, c’est intéressant aussi d’en bas : j’ai essayé quelques photos en utilisant le pied et en pose B, et comme cette attraction est peu fréquentée, il y a relativement peu de gens qui passent devant l’objectif.
Pendant ce temps, ma fille a testé une sorte de centrifugeuse qui tourne dans tous les sens. Elle est enthousiasmée, «ça arrache la nuque !»…
Je suis donc quand même monté dans la sorte de carrousel qui grimpe sur un pylône vertical de 100 mètres, bon sang, qu’est ce que c’est haut ce truc, et ça tourne vite en plus ! Avec la force centrifuge, le câble ne va pas tenir, c’est sûr… Et ce vent…, je sens tout le pylône qui bouge légèrement ! Non, ne pas y penser, ne pas y penser, je ferme les yeux et je me cramponne à mon Canon… Mais oui ! penser à prendre des photos, avec toutes ces lumières, la vue est géniale, de là haut ! Quand tu as les yeux collés au viseur, le vertige disparaît instantanément !
Lors de la redescente, je regarde l’afficheur : images superbes, mais horreur : légèrement bougées… Je ne sais pas si c’est la vitesse de l’engin ou mes tremblements convulsifs qui sont en cause, je vais donc devoir y retourner !!! Ma fille, comme vous l’imaginez, est toujours aussi relax : «Papa, on y retourne quand tu veux !»
J’y suis donc retourné, avec mon 28 mm f1.8, et même là j’ai constaté que pour avoir des photos nettes il fallait utiliser une vitesse d’au moins 1/250e.
La sensibilité a été réglée en général à 800 asa, jamais au-delà de 1600. Pour les photos sans pied, j’ai utilisé souvent un 28mm ouvert à 1.8 (donc équivalent à 45 mm). La plupart du temps, j’ai débranché tous les automatismes, je me suis mis en mode M et en focus manuel. Les images ont été prises en RAW, traitées avec DXO, puis passage dans Photoshop pour réduire le bruit …
Finalement, le Luna Park, j’y retourne volontiers, et il faut bien se faire une raison : catapulter des opercules de canettes de bière sur les passants est bien plus dangereux qu’un tour en maxi-centrifugeuse…