L’U-Bahn de Berlin
Vous connaissez mon intérêt pour le métro, et tout ce qui roule sur des rails, d’ailleurs… Eh bien, lors d’un récent petit séjour à Berlin, j’ai réalisé un vieux rêve : photographier ce métro que je trouve magnifique et chargé d’histoire. Cela faisait 20 ans que je n’étais pas revenu dans cette ville ; j’y étais allé pour la première fois juste un an après la chute du mur, et je peux le dire, la ville a bien changé depuis…
Autant dire que je n’ai pas reconnu grand chose : la Potsdamerplatz est hérissée de tours style Manhattan. Alexanderplatz, qui était la vitrine quelque peu austère des grandes réalisations du «socialisme» est devenue une sorte de souk à la gloire du capitalisme. Et Prenzlauerberg est devenu un quartier chic et touristique, genre Montmartre teuton.
Mais le métro lui, est resté à peu près tel quel, bien qu’il se soit fortement développé ces 20 dernières années suite à la réunification en 89. Il a fallu tout d’abord reconnecter les réseaux est et ouest, moderniser les installations, rouvrir les gares «fantômes» (celles desservant le réseau de Berlin Est et qui passaient sous le territoire de Berlin Ouest).
La construction de ce métro date du début du 20e siècle, mais quand je dis «resté tel quel», il faut relativiser : quasiment tout a été détruit lors de la IIe Guerre Mondiale, les tunnels ayant été envahis par les eaux. Mais la reconstruction a été un objectif prioritaire après la capitulation de l’Allemagne nazie, et beaucoup de stations ont été restaurées à l’identique de ce qu’elles étaient dans les années 30.
Je devrais d’ailleurs dire les métros, car il y a deux réseaux : le S-Bahn, qui peut être comparé au RER parisien, bien que beaucoup plus ancien, et le U-Bahn, qui est un métro principalement souterrain à gabarit étroit. (140 km de voies en tout)
Autre constatation, bien agréable celle-là : photographier le métro est ici totalement libre, sauf pour usage commercial bien entendu. En 3 jours, je n’ai pas eu la moindre remarque, aucun flic, vigile ou robocop ne m’a menacé de confiscation, d’amende, d’emprisonnement. Aucun cheminot ne m’a dit quoi que ce soit…
Au contraire, les usagers se sont arrêtés souvent pour ne pas passer devant l’objectif. On croit rêver d’une telle gentillesse… Je pense que les mauvais souvenirs du régime de RDA ne sont pas étrangers à cette tolérance, mais aussi le fait que le métro de Berlin est considéré comme un bien public.
J’ai même regretté de n’avoir pas pris un pied pour photographier la nuit (ce genre d’accessoire qui ailleurs, fait de vous immédiatement un contrevenant et un obstacle à franchir). Je suis convaincu que ça n’aurait posé aucun problème.
Des gares étonnantes
Ce qui m’intéressait surtout, c’est la partie aérienne du U-bahn, et les stations années 20-30 de Kreuzberg et Prenzlauerberg (les lignes U1 et U2, les plus anciennes). Mais j’ai découvert très vite que d’autres lignes regorgent de trésors, souvent en «banlieue» (Berlin n’a pas vraiment de banlieue). Et il faut aussi noter que certaines réalisations modernes, comme par exemple la toute récente Hauptbahnhof (la gare centrale de Berlin), sont remarquables.
Heureusement, mon épouse, qui connaît bien cette ville, m’a beaucoup aidé à m’orienter…
Parce que quand j’étais seul et que j’ai cherché sur le plan les noms de gares, que j’ai vu «Anhalterbahnhof» et «Frankfurterbahnhof», je me suis dit chouette, en voilà 2 à photographier ! Eh bien non, y a plus rien du tout, juste quelques briques pour montrer que ça a existé avant la guerre…
Autre constat, les transports en commun sont très développés à Berlin : il y a bien sûr le métro, mais aussi d’innombrables bus, tramways, trains régionaux.
Ce qui est remarquable dans ce réseau de transports urbains, c’est l’utilisation de la lumière, aussi bien par d’immenses verrières soutenues par des structures complexes en acier, que par l’éclairage artificiel : les nombreux panneaux indicateurs, les escalators, les couloirs, les quais, tout est fait pour que l’usager y voie clair… Les nuits étant longues à Berlin en hiver, on peut comprendre l’utilité de la chose. Tout cet éclairage fonctionnant aussi les jours ensoleillés d’été, on peut se poser la question des économies d’énergie, après la fermeture prochaine des centrales nucléaires allemandes… Mais bon, je pense qu’un réseau aussi important incite aussi beaucoup d’automobilistes à abandonner leur voiture…
Les stations que j’ai photographiées sont principalement celles de la partie aérienne des lignes U1 et U2, qui «survolent» Kreuzberg et Prenzlauerberg.
La ligne U1 est d’ailleurs surnommée «Orient-express» car elle relie le Ku-Damm, à l’ouest, avec le quartier turc, à l’est.
Bien sûr, il y a des quantité d’autres stations que j’ai loupées, représentatives de styles et d’époques particulières.
Un immense centre ferroviaire
Mais j’ai quand même visité la «Kolossale» et toute neuve Hauptbahnhof. Je rappelle que la gare centrale de Berlin a été condamnée après la guerre, elle se situait à l’emplacement du mur… Il a donc fallu en construire une nouvelle après la réunification, et personnellement, je trouve que c’est une réussite. Un bâtiment gigantesque dans lequel on n’a jamais l’impression d’être écrasé… On est vraiment dans la tradition de l’architecture industrielle du 19e siècle : verre et acier, tout comme le dôme transparent du Reichstag tout proche.
Je n’ose pas imaginer combien elle a coûté, cette gare!
J’ai cependant constaté que la place de la République est toujours en chantier : des pelleteuses tournent sans arrêt sur d’immenses terrains vagues. On imagine le travail à réaliser encore pour urbaniser ces zones !
Depuis la gare centrale, il est très facile de prendre le S-Bahn pour s’éloigner du centre, par exemple aller jusqu’à Westkreuz, et prendre une des deux lignes qui font le «Ring», c’est à dire le tour de Berlin. De là, on ne voit rien de vraiment folichon, mais on remarque bien la différence entre la zone ouest, riche et assez résidentielle, et l’est, encore avec des bâtiments délabrés. Et l’on aperçoit aussi des gares et infrastructures ferroviaires intéressantes que je n’ai hélas pas eu le temps de photographier… J’ai essayé quand même quelques prises de vues à travers les vitres, malgré les airs moqueurs de passagers qui tournaient le doigt sur la tempe en me regardant !
J’ai aussi tenté un tour du centre ville avec le bus à étage no 100, qui part de la gare de Bahnhofzoo, mais là, visiblement les touristes connaissent le truc… Comme ça fait 20 ans que je fais du judo, j’ai réussi à m’installer en haut, mais pas vraiment devant…
Détestable, d’ailleurs l’attitude de groupes de touristes qui s’amusent à bloquer l’escalier et à monopoliser les places dans un bus public! Et comme il est pris d’assaut à chaque arrêt, impossible de faire des photos…
Berlin, j’y retournerais bientôt, c’est sûr, car j’ai envie d’y faire encore des tonnes de photos ! De plus, j’adorerais découvrir les canaux de navigation en bateau. Tout un programme…