Paysages de glace
Juste à côté de chez nous…
Hiver 2012… Depuis longtemps on n’avait pas eu un froid pareil, on aurait même eu tendance à oublier que la glace puisse exister… Des températures sibériennes, de l’ordre de –15º la nuit, et bien sûr, le paysage qui va avec ! Je me souviens qu’en 2005 à Genève la bise glacée avait soufflé l’eau du lac, créant des sculptures incroyables. Je n’avais hélas pas eu le temps d’aller faire des photos.
Mais quand on m’a prévenu la semaine passée que les rives du lac de Neuchâtel étaient gelées sur 150 mètres, j’y suis allé immédiatement, et je n’ai pas été déçu par la beauté de la chose… J’ai fait deux journées de prises de vues, avec des conditions très différentes d’un jour à l’autre, qui montrent bien l’instabilité de la glace.
Il m’a fallu tout d’abord prendre le train depuis Lausanne, puis longer la Thièle (qui se jette dans le lac de Neuchâtel, vous l’aurez compris). Et à l’embouchure, quel spectacle ! Une véritable banquise polaire, pas de la glace lisse comme on en voit sur les petits lacs de montagne, mais une couche irrégulière et complètement craquelée. Ne manquaient que les pingouins !
Pas besoin d’être glaciologue pour comprendre qu’il est extrêmement dangereux de marcher dessus, et pourtant des tas de gens l’ont fait ! Pendant que je prenais des photos, les interventions policières n’ont pas cessé, pour faire revenir ces aventuriers de la glace sur la terre ferme.
Il faut signaler que ce phénomène est rarissime : la dernière période de grand gel des rives du lac remonte à 1962 ! Il est même arrivé que le lac gèle entièrement, mais la dernière fois c’était en 1880, je n’ai trouvé qu’une photo . (Il doit sûrement en exister d’autres).
J’ai donc commencé mes prises de vues du côté est de la Thièle, et je me suis aventuré sur une jetée étroite, complètement gelée et glissante, de la vraie folie ! Mais j’ai vite compris que les choses les plus intéressantes étaient de l’autre côté, vu le nombre de personnes qui marchaient côté ouest de la Thièle…
N’étant pas fou, je n’ai pas choisi le chemin le plus court, par la glace. Je suis donc revenu sur mes pas jusqu’au pont le plus proche, mais après je n’ai pas été déçu. Quel spectacle ! Des arbres complètement sculptés par la glace, et par endroits on aurait dit que les vagues du lac avaient gelé instantanément !
Il y avait beaucoup de monde, surtout des photographes, et un temps très gris, pas génial pour la photo… Et je ne parle pas du froid, impossible de photographier avec des gants, donc il valait mieux faire vite !
J’y suis retourné le lendemain, quelle surprise, une bise glaciale, donc du soleil ! Et la glace était complètement différente, beaucoup plus craquelée. On était que 3 photographes à se geler les doigts, et je peux vous dire qu’avec ce vent glacé, il faut vraiment aimer la photo… Changer d’objectif, un vrai calvaire ! Visser un filtre polarisant ? j’ai vite renoncé… Et cette fois, plus personne ne s’aventure sur la glace, le danger est évident.
J’attends avec impatience la prochaine vague de froid…