Le noir et blanc
Voici quelques réflexions entendues: «le noir et blanc en numérique ça rend mal», «Il n’y a pas de grain, pas de vignettage, c’est trop net», «la base est toujours une photo couleur, donc on choisit celles qui sont ratées pour les passer en noir et blanc», «il n’y a pas le plaisir du développement et de l’agrandissement, tout est automatique», «le papier jet d’encre ne ressemble pas au papier photo», «l’écran pour travailler l’image n’est pas fiable», et j’en passe…
Mais au fond, c’est quoi le noir et blanc? Trouver un équilibre de noir et de blanc, et de nuances de gris sur une surface donnée! On ne peut pas faire ça en numérique? Avec Photoshop, DxO et autres, on peut même donner du grain, du vignettage, du flou, du sépia, et tous les papiers (ou presque) sont disponibles en jet d’encre…
Alors oui, bien sûr, il y a la nostalgie de l’argentique, le film à insérer dans la spirale, les ciseaux qui tombent par terre dans l’obscurité totale. Pire encore: la boîte de papier photo 18×24 qui tombe et s’ouvre alors qu’on n’a pas encore allumé l’ampoule rouge! Et il faut en plus gérer l’élimination de ces produits qui puent et polluent…
J’ai abandonné tout ça depuis longtemps, même si j’ai toujours mon matériel Nikon qui traîne au fond d’un tiroir, reliques d’une autre époque!
Imiter le rendu argentique ne me tente pas: rajouter du grain alors qu’on peut photographier quasiment sans bruit numérique à 25600 asa, bof…
Et effectivement, je me base toujours sur une image RVB pour la passer ensuite en noir et blanc via le mélangeur de couches. C’est bien sûr aussi possible de travailler avec le mode noir-blanc de l’appareil en visant par l’écran, mais personnellement, ce mode qui permet assez peu de retouches ne me plaît pas trop…
Enfin, certains fortunés utiliseront le (très cher) Leica M Monochrome, dont je n’ai jamais bien saisi l’intérêt? On peut aussi faire dans le bon marché, et adjoindre un objectif «cul de bouteille» à son reflex numérique. Et obtenir de très beaux effets!
C’est sûr, en numérique, convertir simplement une image RVB en noir et blanc n’a pas grand intérêt, le rendu est totalement plat: un travail de retouche s’impose. Le mélangeur de couche a l’immense avantage, en plus de sa souplesse, d’intégrer des simulations de filtres colorés pour accentuer ou diminuer les contrastes, comme foncer un ciel, etc… Comment cela fonctionne?
C’est très simple: les 3 couches rouge, vert et bleu vont devenir 3 couches monochromes de valeurs différentes. La superposition de ces couches et leur intensité réglable va augmenter ou diminuer les contrastes, selon les réglages. Et on peut ajouter les masques dans Photoshop, qui sont autrement plus précis que ceux qu’on fabriquait en carton sous l’agrandisseur! Le seul filtre que vous ne trouverez pas en version virtuelle, c’est le polarisant qui, par le filtrage de la lumière incidente élimine les reflets et permet d’obtenir parfois des dégradés magnifiques, surtout en n&b.
Oui bien sûr, on ne va pas balayer 150 ans de pratique photo avec des tas de pixels! Si on fait encore des photos en noir-blanc, c’est aussi pour le plaisir d’améliorer ce qui se faisait avant… C’est bien pour cela que le jet d’encre a fait de tels progrès! Et si on peut se passer des défauts, qu’on a fini a présenter comme des avantages, et en plus faire plusieurs tirages identiques d’une même photo, et bien tant mieux!
Une des caractéristiques intéressantes du noir-blanc, c’est l’instantané: saisir un mouvement ou l’expression d’un visage. Une technique difficile même avec l’autofocus le plus performant, la motorisation et la stabilisation optique…
Bref, avec le numérique, le noir et blanc d’après moi c’est mieux, mais pas forcément plus facile!